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Burn-out : « Attention à l’épuisement professionnel après le coronavirus ! »

Alors que 45% des Français confinés sont contraints à l’inactivité, les risques de souffrances liées au travail ne disparaissent pas.







Mais que deviendront les bons petits soldats du télétravail et du chômage partiel après l’épidémie virale ? Quelles peuvent être les conséquences de cette expérience traumatisante pour les salariés confinés puis déconfinés ? Et quels sont les risques d’épuisement professionnels chez les médecins qui s’activent en première ligne du combat contre le Covid-19 ?




Quels sont les risques de cette période de confinement et de télétravail pour les salariés ?


Les salariés qui ne sont pas contraints au chômage partiel et qui œuvrent en télétravail disent multiplier les réunions en visioconférence depuis le début du confinement. La « réunionite » bat son plein. Cette organisation a pour principal défaut d’abolir encore un peu plus l’indispensable frontière entre vie professionnelle et vie privée. Cette situation peut être particulièrement préjudiciable aux salariés qui doivent veiller sur leurs enfants en bas âge et pallier la fermeture des classes. L‘expérience prouve que l’empiétement du travail sur la sphère familiale et privée est source d’épuisement professionnel.




Peut-on souffrir d’un épuisement professionnel même en étant confiné chez soi ?


Le confinement n’arrange rien. Le télétravail qui présente des vertus certaines, peut néanmoins conduire à une organisation pathogène du travail, une absence de marge de manœuvre, des injonctions contradictoires, une charge de travail intense, des repos insuffisants, une absence de reconnaissance statutaire, créant un sentiment d’échec et le burn-out. Le confinement et la brusque chute de l’activité peuvent malheureusement accroître ce sentiment. Les victimes de burn-out, qui sont de bons petits soldats, souffrent généralement d’un manque de reconnaissance. Or le travail à distance ou le chômage partiel nous font perdre le contact avec nos collègues. Il y a là une forme de distanciation et de désocialisation qui peut aggraver l’isolement voire la relégation de certains salariés. Les employeurs doivent en être bien conscients. Les risques psychosociaux ne disparaissent pas du fait du confinement. Pour l’instant, les salariés font preuve d’une résilience poussée à l’extrême.


Le déconfinement permettra-t-il de reprendre la vie professionnelle « comme avant » ?

Les employeurs peuvent être tentés de rattraper le temps perdu et vont vouloir mettre les bouchées doubles pour « sauver » les entreprises et minimiser l’impact de la crise. C’est là le danger principal : pour réussir la reprise d’activité, les entreprises ne doivent pas sous-estimer le choc post-traumatique de la crise sanitaire. Les salariés peuvent ressortir fragilisés voire très éprouvés de cette période. Pour obtenir d’eux ces efforts de productivité, il faudra plus que jamais instaurer un dialogue social intelligent et constructif, fondé sur la bienveillance, la communication et l’écoute active.

Le véritable défi de toute crise est de transformer un obstacle en opportunité. Il faudra travailler sur l’acceptation que nous ne serons plus jamais les mêmes, il y aura un avant et un après la crise. On sort rarement plus fort, mais on peut sortir plus conscient et apprendre à faire couler de l’or sur ses blessures.



Quels sont les risques de burn-out chez les médecins ?


Les professions à vocation comme les métiers de la santé sont plus exposées que d’autres au risque du burn-out, qui intervient quand on doute ou que l’on désespère du sens de son exercice professionnel. Les soignants et dans une moindre mesure les aidants rechignent à consulter en cas de souffrance au travail. Il y a un déni de cette « affection des battants » chez les professions médicales : il s’agit de ne pas se plaindre et d’endurer.



Le phénomène du burn-out chez les soignants n’est pas très bien renseigné. Mais selon une compilation d’études de 2018, la moitié des médecins disent ressentir un syndrome d’épuisement professionnel. Cette proportion est bien supérieure à la moyenne des autres secteurs et monte à 57 % chez les urgentistes. Et ce phénomène ne se limite pas à la France, une autre étude récente a rapporté un taux de 67 % de burn-out chez les 109 000 médecins évalués dans quarante-cinq pays.




Quels sont les symptômes du burn-out médical ?


Le burn-out se traduit par la perte du sentiment d’accomplissement que l’on associe en temps normal à la pratique de la médecine. Et une mise à distance du patient par la dépersonnalisation. Quand un praticien se met à parler de l’appendicite de la chambre 21, ou à traiter les patients comme des dossiers, c’est bien souvent le signe qu’il a mis en place un mécanisme de défense qui a pour fonction de tenir à distance le malade et sa souffrance. Le système médical français, présenté à juste titre comme l’un des plus performants pour les patients, ne protège pas suffisamment les médecins.




Jusqu’où peut aller l’épuisement professionnel des médecins ?


La première complication du burn-out est la dépression. En France, les professionnels de santé ont un risque de suicide plus élevé que celui de la population générale selon l’Institut de Veille Sanitaire : 34,3/100 000 contre 33,4/100 000 en moyenne.




Mais les conditions de travail difficiles, la surcharge horaire et les épreuves que les soignants doivent affronter ne sont-elles pas aussi en cause ?


Oui, bien sûr !!



Le stress est maximal…


Oui, il existe aussi de vrais facteurs d’anxiété. Les praticiens sont très inquiets du risque de contamination pour leurs familles et leursproches. Ils reprochent aux autorités de les envoyer au front sans disposer de tout le matériel de protection nécessaire. D’une manière générale les incohérences de la communication gouvernementale et des organisations de santé comme l’OMS ont alimenté une certaine défiance chez les soignants. Ils ont mal vécu le fait que le chef de l’Etat les qualifie de « héros » sans fournir assez de masques, de blouses et de respirateurs… Les autorités de tutelle ont semblé sous-estimer la pandémie et n’ont pas su anticiper. En première ligne, les soignants redoutent de devoir faire le tri entre les malades. Ce genre de dilemme provoque une souffrance éthique. Les soignants doivent prendre seuls la responsabilité pour toute la collectivité. A qui donner le respirateur ? Pour l’instant, l’hôpital tient. Avec 7 000 patients en réanimation pour environ 12 000 lits disponibles, la question ne s’est pas posée pour l’heure.




Cabinet de Gestion du stress et des émotions Emelyne DEBUT

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